EXTRAIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maître Averty est avocat. Son cabinet est installé à son domicile, une très vaste demeure. Il recrute sa nouvelle employée à tout faire, suite au départ de sa gouvernante : Agnès démissionne, elle  le quitte, amoureuse mais désespérée, d'un jour, être aimée de son patron, pour lequel elle travaille sans relâche...

Après une suite d’entretiens infructueux, arrive le tour d' Alice ; une jeune fille délurée d'une vingtaine d'année. Averty ignore que la jeune femme, n'est pas là,en réalité, pour le poste. Elle n'a trouvé ce moyen que pour l'approcher. Va t-elle être prise au service de cet homme ? Quel est le véritable dessein d’Alice? Et la gouvernante Agnès continuera- t-elle d'être ignorée ?

 

 

 

 

 

AVERTY, en lui-même :

-  ... tiens.... Alice…

Puis reprend tout haut.

 -  Je suis un peu ennuyé... voyez-vous...  Par exemple...  Je ne vois aucune référence concernant les compétences qui vous seront demandées ici.  Pouvez vous m'en dire un peu plus sur vous ?

ALICE

- Oh c'est bien simple.    Et je vais vous le dire franchement, parce que... je suis, telle que vous me voyez. Et telle que vous me voyez je suis .

AVERTY

(compréhensif)

-Oui... je vois... je vois... et je vous en remercie. L'honnêteté dans votre métier est une qualité sine qua non.  Mais encore mon p'tit ? Je ne vois là rien concernant vos études, aussi courtes furent-elles,  jusqu'où êtes-vous allée ? Ou sinon, avez-vous eu  un parent proche, dont vous auriez appris ou hérité, peut-être, les rudiments d'un métier ? Le dit métier de service ?

 

ALICE

(elle joue l'étonnement et la candeur)

- Pour ça Maître, je ne sais comment vous avez deviné ! Car en effet ma pauvre mère a servi de nombreuses années, au service d'un particulier, dont je ne connais le nom, malheureusement, du fait que ma pauvre mère, Dieu la garde, est morte en couche... pour ainsi dire... à cause de moi. Chose que je ne me pardonnerai, jamais... jamais...  Elle ne m'a rien laissée, mais était-ce de sa faute ? A part une vieille photographie ! Mais pas même le nom du père !

AVERTY

(dubitatif)

 

- Une bien triste histoire...  Je compatis ... mais enfin mademoiselle, cet emploi pour lequel vous postulez... demande un certain... comment dire... savoir faire... de l'intuition...  de l'expérience... de l'anticipation...

ALICE

(d'une traite, avec assurance).

 

- Pour ce qui est de  l'école,  je ne m'y suis guère attardée, le temps de savoir lire, compter et se méfier, qu'y a -t-il de plus à apprendre ? Je vous le demande ?  Tout orpheline que j'étais, que je suis encore au reste... A moins que … mais passons...  j'ai dû me débrouiller. En voilà un métier vous en conviendrez !

 

 AVERTY la regarde par dessus ses lunettes...

- Oui... je vois … je vois...  certes.

(Sympathique)

-Je sais aussi, qu'à 20 ans, une certaine  désinvolture nous habite... et surtout qu'il est tentant de persister dans cet état... Heu … disons de rêverie... car enfin ! il faut aussi savoir en profiter, n'est-ce pas ? J'ai été jeune moi aussi... jeune et insouciant... c'est  l'âge où l'on commet quelques erreurs... je comprends cela... croyez-moi.

ALICE

Elle hésite un moment, le regarde dans les yeux, penche un peu la tête.. et se lance dans une explication en règle...

 

-Je vois bien où vous voulez me conduire... mais... mais... tout le monde n'est pas comme ça... et si j'avais suivi cette voie de l'insouciance, comme vous dites  avec tendresse pour vous-même.... moi... je serais dans le ruisseau... Mes rêves sont réservés aux quelques heures de sommeil que je m'octroie.... Ah bien sûr ! si j'étais bien née... entourée de parents aimants... et  soucieux pour mon avenir... à ma place.... je ne dis pas... peut-être aurais-je cédé à la facilité de me laisser aller...  à l'insouciance... voire au mépris... parfois... sachant que père ou mère saurait réparer mes bêtises... n'est-ce pas ?

AVERTY

(hésitant, bluffé)

- Oui … enfin...  je disais cela..

ALICE

Elle ne le laisse pas finir sa phrase

-  Tout ça pour vous dire que... la réalité m'a prise au cou très jeune. Je vous le dis. Je n'ai jamais été comme les gens de mon âge.  J'ai dû grandir beaucoup plus vite... pratiquement seule ! Et... ce que l'on fait à seize ans, ... je l'avais déjà fait à quatorze... et ce que l'on fait à dix huit ans...  je l'avais déjà fait à seize.. etc.  Vous comprenez, j'en suis sûre... . Avec cette chance, je vous l'accorde, d'être d'un temps qui préserve de l'irréparable... Si vous voyez ce que je veux dire … Car ce qui, pour l'une, est un immense bonheur, peut s'avérer catastrophique pour une autre.  Ma pauvre mère en a fait les frais...

AVERTY

Un peu surpris par la réponse d'Alice 

 

- Vous ne faites pas de politique au moins ?